mercredi 7 avril 2010

Le nouveau né : les premiers jours à la maison: tout ce que vous voulez savoir et que vous confirmera sans doute votre pédiatre

Nous prendrons l’ordre chronologique des questions
 

Questions lors de la première consultation:

A. L’allaitement au sein :

1. Comment savoir si mon bébé tète assez ?

      Le seul moyen de savoir est d’observer l’évolution du poids . On l’estime en observant les bonnes joues, les cuisses. Je déconseille l’emploi d’une balance. En cas de souci,  SOS pédiatre est plus efficace, car vous serez rassurés ou SOS pharmacie: pesée avec toujours les mêmes habits. La durée de la tétée est très variable mais les bébés prennent 80 % de leur ration durant les 5 premières minutes. Le reste, c'est de la relation mère-enfant, c'est personnel. La composition du lait varie: au début c'est de l'eau qui désaltère, à la fin c'est de la crème qui nourrit. Pour téter la crème il faut avoir faim et donc patienter un peu avant le repas suivant. Cependant, le nombre de tétées fluctue, si le bébé et la maman vont bien, c’est sans importance.

2. Mon lait est-il nourrissant ?
Cette question revient parfois. La réponse est simple: le lait maternel est toujours excellent. Parfois, si la mère est fatiguée, après une césarienne ou en raison d’une maladie imprévue ou d’un coup de blues, elle peut avoir moins de lait. Alors, le bébé tète plus souvent et la mère se fatigue. Il faut parfois donner quelques biberons de compléments (de lait hypoallergénique).

 3. Mon bébé tète sans arrêt, je craque que faire ?

Dans le ventre de sa maman, le bébé est nourri de façon continue par le cordon (alimentation intraveineuse) qui lui apporte tout ce dont il a besoin. Il a parfois un besoin de téter : il suce son pouce dans le ventre de sa maman !
Quand il est né, il doit faire fonctionner son tube digestif,  c’est tout différent. Les repas sont intermittents. Le bébé doit s’adapter, la maman aussi. De plus, le repas est souvent un moment de plaisir, de relation forte avec la maman. Cependant la digestion dure 2 à 3 heures : c’est donc le temps habituel qu’il faut laisser entre les repas.
Il faut donc négocier assez fermement pour concilier les besoins réels, souvent proches du désir des mères, et l’envie de l’enfant.
Moins il y a de repas, moins il y a de coliques. C’est un petit argument parfois apprécié.
La tendance actuelle est à l’allaitement à la demande, mais certains bébés demandent sans arrêt, ce n’est pas raisonnable ! Et la maman que devient-elle ? Pour s’en sortir, une seule solution : négocier.

4. Mon bébé a la diarrhée:

 Un enfant nourri au sein a des selles liquides dont la fréquence varie de une par tétée à une tous les trois jours. Les selles sont de couleur jaune d'or avec souvent des petits grumeaux rappelant "la moutarde à l'ancienne".
Un bébé peut avoir une diarrhée aiguë: c'est l'augmentation du volume des selles et leur aspect différent qui alertent

5 Combien de temps faut -il allaiter?

Le temps qu'il vous conviendra.Ce peut être 1 seule tétée si on le souhaite ou 6 ans, le record à mon cabinet (ce que je ne conseille pas). Quand on ne sait pas, on peut essayer et arrêter si ça ne va pas. En Europe il n'y a aucun problème, l'eau est propre et les familles peuvent acheter du lait en poudre. Mais ne vous trompez pas, je suis un farouche partisan de l'allaitement au sein, mais seulement quand la mère le souhaite. Dans les pays pauvres, la situation est bien différente et l'allaitement au sein est parfois le principal moyen de survie des bébés et la seule solution économique possible.

 B.L’allaitement au biberon : 

Je l'ai déjà écrit: les marchands de laits font de très bons laits. Il est inefficace et stupide de tenter de convaincre une maman qui ne souhaite pas allaiter

1.Combien de repas et quelle quantité ?. 

Pour un enfant à terme âgé de plus d’une semaine, on peut tabler sur 5 à 7 repas par jour.

La quantité dépend du nombre de repas, de la saison, de la température de la pièce, de la faim de l’enfant surtout. Pour se guider, on peut utiliser la formule suivante ou lire les indications des boites de laits:

Quantité quotidienne de lait = (poids/ 10) + 250 +/- 100 ml mais c’est purement indicatif. C’est comme si on dit que le français moyen chausse du 39 et qu’on ne fabrique que du 39. Ça n’ira pas à tout le monde.

Les enfants légers doivent rattraper et mangent parfois plus.


2. Quel lait choisir ?

Le moins cher est le meilleur: 5 fabricants pour 200 marques.Une nouveauté tous les 15 jours, c’est pire que les couches ! Tout est commerce.  Mais le marketing est très puissant .
Les laits se ressemblent tous . Un lait premier âge de base fait le plus souvent l’affaire. On peut comparer les prix.

Puis-je changer de marque ?
Bien sûr puisqu’ils se ressemblent, à condition de rester dans la même catégorie.

3. Quelle eau pour les biberons ? 
Après trois mois, quand l'enfant met tout à sa bouche,  l’eau du robinet fait parfaitement l'affaire  sauf si on fait de grand travaux dans la rue, ou si vous habitez à proximité d’un grand élevage ( Nitrates) ou dans les Vosges (Sulfate) ou dans une campagne avec des résidences secondaires inoccupées avec des canalisations borgnes.
Avant trois mois, elle est sûrement excellente mais peu de parents sont près à l'utiliser. Si vous devez utiliser une eau en bouteille, prenez une eau faiblement déminéralisée produite dans votre région. Le transport en camion  accroit la pollution de la planète.

4. Biberons : plastique ou verre ?

   Les biberons c’est comme les outils il faut de la qualité. Les grandes marques font l’affaire. Il vaut mieux avoir 1 ou 2 biberons de bonne qualité que 6 médiocres, avec une prise d’air mauvaise.
Le verre est plus lourd, se casse,  mais le plastique vieillit, ou fond dans les casseroles s’il n’y a plus d’eau lors de la stérilisation .En tout cas il faut un bonne marque.
Il n’y a pas de Bisphénol A dans le verre, mais les bonnes marques ont supprimé le Bisphénol du plastique (voir l’étiquetage).

Image wikipedia (Catalogue pharmaceutique Dorvault 1862 - Page 194
Source : Ludogrid 2006)





5. Tétines : Caoutchouc ou silicone ?

          Pour les tétines je préfère le caoutchouc avec des trous plutôt que le silicone à débit variable qui va pour les plus grands. Les tétines en caoutchouc peuvent être ramollies en les faisant bouillir quelques minutes lorsque le repas est trop long.




6. Puis-je préparer les biberons à l’avance? NON

 ou pas plus de 4 heures avant, car cela augmente le risque infectieux et  ne gagne pas beaucoup de temps.


7. Faut-il stériliser les biberons ? OUI :

 La tendance actuelle est de ne plus stériliser. On a oublié que le lait de vache ne demande qu’à s’infecter car l’intestin du petit veau a besoin de beaucoup de microbes pour la rumination. Or le lait en poudre n’est que du lait de vache adroitement bricolé, alors stérilisons les biberons de lait. Après 3 ou 4 mois, lorsque l’enfant porte tout à sa bouche , on peut arrêter, mais il faut rester maniaque.Ceux qui ont la chance d'avoir une machine à laver la vaisselle, peuvent l'utiliser pour laver les biberons. La température atteinte lors du séchage est satisfaisante pour tuer les microbes.


C. Questions en vrac

1. Mon enfant confond le jour et la nuit:

Et pendant la grossesse, dormait-il la nuit ?
Il faut lui laisser un peu de temps. Le rythme jour/nuit se met en place entre 1 à 3 mois.


2.Comment savoir quand mon bébé est malade ?

Le mieux c’est de faire des études de médecine, spécialité pédiatrie. C'est un peu long!
Sinon, il faut apprécier soi-même la situation:
A bien y réfléchir, c’est assez facile. On peut dire « Un enfant n’est pas malade quand il a l’air bien portant » et si on a une inquiétude « SOS Pédiatre, informe et rassure »


Dessin Kate Greenway, tiré de L'homme à le flûte, Hachette 1889


3. Mon bébé n'apprécie pas les lavages de nez.

 Il a parfaitement raison. Je n'ai toujours pas compris pourquoi dans certaines maternités, on montre aux mères la technique du lavage, et essuyage systématique du nez avec un coton finement roulé. Cela fait partie des barbaries totalement inutiles. Les bébés font souvent du bruit en respirant et ces méthodes ne changent rien. Il faut les arrêter. Elle ne sont utiles que si le bébé est franchement enrhumé. De même pour les yeux et les oreilles.




4. Autre réflexion : Le bébé de ma copine … pouet pouet etc..

Le bébé de la copine, ce n’est pas le vôtre. Chacun est différent et s’il est parfait c’est tant mieux. La copine n’y peut rien, mais on est content pour elle.Certains enfants sont étonnamment faciles, d’autres particulièrement rebelles, et la plupart moyennement cool. De toute façon, c’est sans mode d’emploi, ni repris, ni échangé. Il faut improviser. La plupart des parents s’en sortent vraiment bien.

5. Parfois je n’assume plus, je craque

(autrement dit « j’en ai marre de ce bébé, je voudrais m’en débarrasser ») C’est bien normal. Avant vous étiez tranquille et maintenant, il y a ce nouveau personnage qui dépend entièrement de vous et qui est parfois fort exigeant. Il y a de quoi craquer. Moi-même pédiatre, j’ai parfois pensé parfois que je pourrais "en vendre un" ! (mais on ne trouve pas d’acheteur pour un casse-pied) ou "le perdre dans la forêt" !(mais les gendarmes le rapportent et c’est le début des très très gros ennuis : évitez!!) . Alors, j’ai gardé tous mes enfants et je ne le regrette pas. Ça n’a pas été facile tous les jours. Sales gosses! Ils sont super!

6. Et le lait de vache de nos arrières grand-mères?

     En fait ce ne sont pas les mères qui se posent cette question , c'est moi, pédiatre nutritionniste qui me demande pourquoi on emploie si peu le lait de vache. Je suis sans doute un peu "influencé par la pensée unique", le marketing est très puissant !


Nos arrières grand-mères, c'est un peu loin pour nos bébés actuels. A ces époques, on allait encore au lavoir! Mais tout est discutable et possible. Vous trouverez peu de pédiatres suffisamment nutritionnistes et aussi un peu rebelles pour vous guider dans cette voie.  Il faut être au top de la nutrition, ou inconscient pour s'y lancer. C'est possible. Cela se faisait au début de mes études et personne n'en est mort mais c'est  un peu plus compliquéPour des raisons économiques, c'est parfaitement envisageable. 
On n'oubliera pas cependant que "le lait de vache, c'est fait pour les petits veaux". Il faut prendre des précautions.


7. Faut-il décalloter mon petit garçon?

Il y a deux écoles, et les autres:
1. Ceux qui décallotent: C'est barbare!
2. Ceux qui font confiance à la nature qui s'occupera et à l'enfant qui se débrouilleront très bien. C'est plus doux et aussi efficace.
3. Et les inquiets qui essaient doucement et multiplient ainsi les microcoupures du prépuce qui engendrent des petites cicatrices qui resserrent le bout et c'est le Phimosis!! Pure création humaine bien regrettable
Donc, on n'y touche pas



"Chaque enfant est différent. Ce n'est pas facile d'être parent. Mais on s'en sort,  ça marche. Heureusement qu'il n'y a pas de mode d'emploi car on ne pourrait pas toujours l'appliquer. L'improvisation raisonnée reste souveraine."


Références:
Les images "la pesée, les tétines, les petits biberons de laits, sont tirées du très beau livre de Marie Claude Delahaye: "Tétons et Tétines histoire de l'allaitement" Ed. Trame


Cette fois-ci il n'y a pas de références bibliographiques car c'est un article un peu en désordre," du vécu au quotidien" issu de mon expérience de pédiatre et de père.

pour trouver des références et pour en savoir plus:
 Le cordon ombilical, le placenta, la maman, le bébé.
L’allaitement au sein 
L’allaitement au biberon : quel lait choisir ?
Le lait de vache, c’est pour les petits veaux !
Diversification de l’alimentation du nourrisson.
Alimentation du bébé, les peurs, les craintes, le...

 

                      Mise à jour le 11 Octobre 2012

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