dimanche 24 juillet 2011

Escherichia coli, dit aussi E.Coli, et le syndrome hémolytique et urémique (SHU)


Le microbe :

  Escherichia coli, également appelé colibacille ou E. coli, est une bactérie intestinale des mammifères, elle est très commune chez l'être humain. Découverte en 1885 par Theodor Escherich, dans des selles de nourrissons, c'est un coliforme fécal généralement commensal.

Ce microbe avec lequel nous vivons parfaitement le plus souvent et ceci dès la naissance,  comporte une foule de variétés dont certaines lorsqu’elles se développent exagérément provoquent des maladies graves. Elles sont classées en fonction de leurs antigènes de surfaces O, H, B etc... par exemple O111 B4, O 147...

L'hôte:

Cette bactérie affecte particulièrement les épithéliums d’absorption, porteurs de bordure en brosse,(image en microscopie électronique) comme on en trouve dans l’intestin surtout, mais aussi dans le rein.


On trouve ces germes non seulement dans l’intestin humain mais également dans celui de beaucoup d'animaux homéothermes, en particulier les bovins et le caprins dont  nous consommons la viande, le lait, les fromages et près desquels nous vivons parfois.



Le colibacille peut plus rarement et moins facilement se développer dans des milieux chauds et riches comme les bacs de fermentation ou de germination ou des produits en décomposition, à la suite d’une contamination en général fécale.







La pathologie:

Certaines souches d’E. coli peuvent être pathoghènes entraînant alors des gastro-entérites, infections urinaires, méningites,  septicémies, hémolyses ou insuffisance rénale.

Les gastro-entérites à colibacilles ne sont pas les plus fréquentes des gastro-entérites. C’est parfois la Turista, ou une simple diarrhée aigüe. En 1972 une très grave épidémie s’est déclarée en France avec de nombreux morts chez l’enfant car il existait encore dans les hôpitaux des salles communes. Si ma mémoire est bonne les sérotypes les plus virulents étaient O 111 B4 et O55 B5.

Les infections urinaires sont très fréquentes avec heureusement des conséquences le plus souvent minimes, en l’absence de malformation locale préexistante. Plus de la moitié de ces germes est résistante à l’amoxicilline mais le plus souvent sensible à d’autres antibiotiques courants.

 Les septicémies et méningites sont heureusement rarissimes mais très graves.

Les infections complexes à colibacilles sont également rares et dues à des souches particulièrement virulentes .( O114 H4 et O157 H17 actuellement)
 Sans vouloir entrer dans la variabilité de ces souches que les bactériologistes étudient avec la plus grande attention on peut dire que :

Certains colibacilles ont des propriétés d’adhésion à la cellule porteuse de la bordure en brosse, qu’elles vont gravement léser entrainant des diarrhées sanglantes.

Colibacilles adhérents et détruisant la membrane cellulaire (à comparer avec la la bordure en brosse normale)


De plus ils secrètent des toxines dont la plus connue est la shiga-toxine parfois responsable une semaine plus tard d’un syndrome hémolytique et urémique (SHU)

Le syndrome hémolytique et urémique (SHU)
est une complication grave des ces infections complexes. Il survient avec une fréquence variable de l'ordre de 10 à 20 %.
   Il comporte une anémie brutale par destruction des globules rouges avec présence dans le sang de globules rouges fragmentés ou Schyzocites (Flèches), une insuffisance rénale qui peut être très sévère voire mortelle avec destruction variable des reins.


C’est ce qui s’est produit en Allemagne et en France  récemment.





Qui est concerné ?

Habituellement ce sont surtout les enfants en particulier ceux de moins de moins de 3 ans, une centaine de cas par an en France. L'origine est le plus souvent la consommation de viande hachée de bœuf.







La majorité des cas survient pendant la saison chaude peut-être parce que le colibacille qui se multiplie toutes les 20 minutes trouve là une température plus favorable.


En Allemagne du nord ,  selon le N Engl J Med





 Le nombre de cas est considérable : 2400 cas de diarrhée hémorragique due au colibacille O114 H4. Contrairement à l'habitude, ce sont des adultes (âge moyen 44 ans) dont 66 % de femmes, ce qui oriente ici, vers un aliment que les enfants ne mangent pas. 810 personnes  ont une atteinte rénale (SHU). 39 personnes sont mortes (âge médian 74 ans,  entre 24 et 91 ans + un enfant de 2 ans).

Chez l'enfant :
17 enfants de moins de 15 ans  (moyenne d'âge 11 ans) dont un de 2 ans  qui est mort et un de 4ans, un autre de 6 ans.

A Bordeaux ou dans le nord de la France,  les adultes et les enfants sont touchés. Le nombre de cas est limité.


Signes et évolution de la maladie :

La majorité des malades a une diarrhée sanglante et presque tous vont guérir.
Un petit nombre verra apparaître une complication de type SHU mortelle dans 5 à 10 % des cas ou exposant à une insuffisance rénale chronique donc grave.

Peut-on limiter le risque ?


L’épidémie actuelle est limitée.  La contamination se fait par l’alimentation.
La cuisson détruit le colibacille.  Faisons bien cuire ce qui peut l’être.
Évitons peut-être les steaks hachés, le fromage au lait cru dans les régions contaminées.
Rinçons bien nos légumes qui ne sont, à priori, pas à risque de propager l’infection.

Le Traitement est difficile :

Les antibiotiques sont inefficaces car la bactérie actuelle est résistante. Ils peuvent même être toxiques car en lysant les bactéries, ils augmentent le taux des toxines. De plus ils étaient autrefois plutôt inopérants.
La réhydratation, l'épuration extrarénale (dialyse) permettent de traverser la période aigüe.
Les Anticorps monoclonaux sont essayés. Leur coût prohibitif (400 000 € pour un traitement) en encadre l'emploi. Ce coup correspond à 1 million de doses de vaccin antirougeoleux qui permettraient de sauver plusieurs dizaines de milliers d'enfants dans les pays pauvres.

"Ces situations heureusement rares sont dues à la virulence soudaine d'agents infectieux. La raison de l'éclosion brutale de ces foyers épidémiques reste un mystère."


Mots Cléfs: escherishia coli  syndrome hémolytique et urémique enfant  steak haché rein

Références: 
Epidemic Profile of Shiga-Toxin -producing Escherishia Coli O114:H4 Outbreak in Germany. Preliminary Report: Christina Franck et coll. N Engl J Med 24 juin 2011

Important Bacterial Gastrointestinal Pathogens In Children: A Pathogenesis Perspective  MR. Amiera Ped Clin  N Am 52 (2005) 749-777
Pouvoir pathogène du sérotype O157:H7 d'E. coli :Université de Rouen 
Ecole vétérinaire de Lyon: Pr Christine Vernozy Rozand et Coll; Journées "STEC Experts" juin 2008-2011


             
             Retour au sommaire